Pékin démantèle un centre d'entraînement de «hackers»

La Chine, dont plus de 42.000 sites auraient été attaqués, estime que le piratage lui a coûté 760 millions d’euros en 2009.

Le site était aux «cyberterroristes» modernes ce qu’une base afghane est aux disciples d’al-Qaida. Les autorités chinoises ont annoncé avoir démantelé le «plus grand site d’entraînement de hackers» du pays, basé dans la province centrale du Hubei, près de Wuhan. Plusieurs personnes ont été arrêtées, du matériel confisqué et 1,7 million de yuans (170.000 euros) saisis.

Ce centre spécialisé dans le piratage et l’espionnage informatique était géré par le réseau Black Hawk Safety Net et aurait fourni les armes pour mener des cyber attaques à des dizaines de milliers de personnes. Il comptait 12.000 membres «VIP», donc payants, et plus de 170.000 autres adhérents libres. Le China Daily cite l’un de ces jeunes pirates, habitant Nankin et âgé de 23 ans. «Je pouvais télécharger des programmes “cheval de Troie ”, me permettant de prendre le contrôle d’autres ordinateurs , raconte-t-il. Je faisais cela pour le plaisir, mais je sais que d’autres ont pu gagner des fortunes.»

L’offensive est des plus vertueuses, mais des observateurs font remarquer que la nouvelle intervient opportunément, alors que l’affaire Google court toujours. Et que la Chine entend se placer dans le camp des victimes des pirates d’Internet au même titre que les accusateurs américains. Le National Computer Network Emergency Response Coordination Center of China a ainsi récemment affirmé que le hacking a coûté 760 millions d’euros au pays en 2009. Et que plus de 42.000 sites chinois ont été attaqués. La fermeture du site aurait eu lieu en novembre et l’on peut s’étonner de voir l’affaire révélée seulement aujourd’hui. Le témoignage du jeune hacker suggère des motivations crapuleuses, et non politiques. Enfin, il est précisé que les dirigeants de Black Hawk avaient récupéré 700.000 euros avec des cotisations, ce qui laisse entendre qu’ils n’avaient pas besoin de financements plus officiels.

Hasard ou pas ?

Il n’y a guère de raison de mettre en doute l’existence de pirates sauvages en Chine. Mais l’étroit contrôle sur Internet rend, sans bienveillance des autorités, les agissements de grosses organisations hautement improbables sur la durée. Hasard ou pas ? La ville de Wuhan abrite aussi l’Institut de commandement des communications, organisme phare de l’Armée populaire de libération (APL) pour ses activités informatiques. Et l’APL, comme bien des services occidentaux d’ailleurs, puiserait dans le vivier des hackers chinois pour ses opérations.

Aux États-Unis, de nombreux experts estiment que les dernières attaques sont bien venues de Chine. Et un récent rapport de Mandiant Corporation estime que «l’ampleur des attaques, les modes opératoires et la logistique nécessaire, indique qu’elles ont reçu un soutien officiel, tout comme les cibles, visant des secteurs industriels bien précis comme des organismes gouvernementaux». Google a d’ailleurs révélé la semaine dernière avoir demandé le soutien de la NSA, l’organisme de renseignement américain ayant la haute main sur tout ce qui concerne les communications et Internet.

Source : Le Figaro – Web : Pékin démantèle un centre d’entraînement de «hackers».